Un nouvel espoir pour les tumeurs cérébrales inopérables

Tumeurs cérébrale Tunisie

Des tumeurs cérébrales traitées par la chaleur

D’une manière générale, le traitement d’une tumeur cérébrale débute par une intervention chirurgicale pour retirer la plus grande partie de la tumeur. Cependant, certaines tumeurs cérébrales sont considérées à ce jour comme inopérables en raison de leur taille, de leur nature ou de leur localisation. Une équipe de médecins de l’Université américaine de Cleveland se consacre justement au traitement de ces tumeurs inopérables.

En 2013, ils publient une première étude sur l’utilisation de la thermothérapie interstitielle par laser ou hyperthermie induite localisée. Cette technique, très peu invasive, consiste à détruire in situ la tumeur par la chaleur au moyen d’un laser. Elle s’avère efficace sur les petites tumeurs (inférieures au diamètre d’une balle de golf) même difficilement accessibles. En revanche, appliquée sur de grandes tumeurs (volume supérieur à 10 cm3), cette technique provoque des effets néfastes. Un œdème se forme suite à l’intervention, entraînant une augmentation de la pression intracrânienne. Une intervention chirurgicale en urgence est alors indispensable.

Si la thermothérapie interstitielle par laser constitue une alternative à la chirurgie conventionnelle pour les petites tumeurs, elle ne représente pas la solution pour les grosses tumeurs inopérables.

Les tumeurs cérébrales peuvent se développer dans toutes les zones du cerveau. Des dizaines de types de tumeurs cérébrales sont décrites et se caractérisent par leur localisation, leur nature et leur degré d’agressivité. Le choix des traitements dépend étroitement de la nature et de la localisation de la tumeur. Les tumeurs cérébrales peuvent être traitées par chimiothérapie, radiothérapie et/ou chirurgie. La chirurgie est souvent le traitement de premier choix, sauf lorsque les tumeurs sont considérées comme inopérables en raison de leur taille ou de leur localisation.

Combiner la chirurgie et la thermothérapie

opération chirurgieMais les médecins n’en sont pas restés là et ont depuis fait une découverte étonnante. Au cours d’une intervention pour traiter l’œdème, ils s’aperçoivent que la tumeur préalablement traitée par thermothérapie était devenue souple et peu vascularisée, donc facile à extraire. Ils ont alors eu l’idée de combiner deux techniques :

  • La thermothérapie interstitielle par laser pour traiter la tumeur.
  • Une petite craniotomie (ouverture du crâne) pour aspirer la tumeur et éviter la formation de l’œdème.

Entre 2014 et 2016, ils ont appliqué ces techniques à 10 patients (5 hommes et 5 femmes) âgés en moyenne de 65 ans. Tous les patients présentaient des tumeurs cérébrales importantes (volume moyen de 38 cm3) et de différentes natures. Toutes étaient jusque-là considérées comme inopérables et donc associées à un mauvais pronostic.

La combinaison de la thermothérapie et de la craniotomie peu invasive a permis d’améliorer le pronostic de tous les patients. Les résultats sont proches de ceux obtenus avec la thermothérapie seule sur de petites tumeurs. Cette approche permet de retirer près de 93 % de la tumeur en moyenne. Sur les 10 patients, 3 ont présenté des complications médicales post-opératoires (dont deux infections) et 2 des atteintes neurologiques modérées, transitoires ou non. Ces atteintes neurologiques ne semblent pas résulter de la technique opératoire mais de la localisation de la tumeur.

Un nouveau traitement des tumeurs cérébrales inopérables

L’aspiration de la tumeur après la thermothérapie n’a pas pour objectif de retirer l’ensemble de la tumeur, déjà traitée par le laser, mais d’en retirer suffisamment pour limiter la survenue d’un œdème et de ses conséquences.

La combinaison des deux techniques s’avère très prometteuse pour les tumeurs cérébrales inopérables et associées à un mauvais pronostic. Depuis l’étude, 6 patients sont toujours en vie et 4 sont décédés des suites de leurs cancers. Des études complémentaires sont nécessaires pour améliorer la mise en œuvre de cette approche, définir les risques de complications et évaluer son effet sur le pronostic vital des patients. Néanmoins, ce traitement offre déjà un nouvel espoir pour les patients atteints de tumeurs cérébrales inopérables.